Aigrette garzette – Egretta garzetta

Espèce de référence – publiée le 27 janvier 2018
Publication complète – famille des Ardeidae (herons, aigrettes, etc.)
En anglais : Little Egret in English

Egretta_garzettaMAIN

Peu d’oiseaux sont aussi répandus et connus, même du grand public, et à la fois aussi complexes à classer et difficiles à identifier que l’Aigrette garzette. Regarder cet oiseau de près pose plein de questions sur le sens du mot “espèce”, sur l’évolution des comportements, sur l’existence, ou non, de variantes et quel intérêt ont-elles pour l’espèce ? Au lieu de répéter ce que n’importe quel site ornitho ou Wikipédia vous offre déjà, comme le fait qu’elle vole avec le cou replié (forcément, toutes les aigrettes font ça), qu’elle a un bec tel un harpon pour pêcher mais qu’elle utilise cet outil pour chasser divers vertébrés et invertébrés (normal, c’est un Ardeidae), qu’elle niche en colonie (connaissez-vous beaucoup d’Egretta qui vivent en solitaire ?), nous allons nous concentrer sur des informations moins connues et qui permettent de regarder plus en profondeur. Notez que depuis qu’elle est protégée et que le massacre pour ses plumes a été interdit, cet oiseau se porte très bien.

Egretta_garzetta15En quelque sorte, l’Aigrette garzette est une “super référence”. A elle seule, elle pratique presque tous les modes de chasse/pêche des Ardeidae. Elle peut chasser à l’affût, à la course, à l’approche lente et silencieuse, en vol, en claquant du bec sur la surface de l’eau (pour attirer les poissons curieux), etc. Seule manque la technique de “l’ombrelle” de l’Aigrette ardoisée ; l’Aigrette garzette est même parfois vue (rarement) utilisant un appât, une stratégie considérée comme “intelligente” (en quoi les autres le sont-elles moins ?) et utilisée que par certaines espèces, surtout les Butorides (les Hérons vert et strié).

Illustration de la méthode Formation Ornitho

Egretta_garzetta_ph21Certains genres d’Ardeidae sont très caractéristiques et homogènes, par exemple les bihoreaux (Nycticorax), les crabiers (Ardeola), les blongios (Ixobrychus) et les butors (Botaurus). Au contraire, le genre Egretta est complexe et mal délimité. C’est ainsi que des anciennes espèces incluses dans ce genre ont été transférées vers Ardea, ou dans leur genre à part, ou les deux. On trouve la Grande Aigrette classée dans son genre Casmerodius ou avec les grands hérons Ardea. Idem avec l’Aigrette intermédiaire et “consœurs” (Mesophoyx). Les Gardeboeufs (Bubulcus ssp) ressemblent aux aigrettes (Egretta) mais sont plutôt “cousins” des hérons et de la Grande Aigrette.

Dans le cadre de notre méthode Formation Ornitho, il devient donc compliqué de déterminer de quel groupe l’Aigrette garzette est la représentante ! En fait, nous pouvons déterminer trois niveaux. Bien sûr, la famille : notre aigrette commune est parfaite pour découvrir les hérons en général. Ensuite, il y a plein de points communs entre les hérons, aigrettes et genres apparentés. Ils sont presque tous coloniaux ou semi-coloniaux, sociables, opportunistes, sans dimorphisme sexuel, les conditions nuptiales (couleur du plumage, plumes ornementales, couleur des lores, du bec, etc.) de très courte durée… inutile de s’arrêter à Egretta. Ensuite, l’Aigrette garzette représente parfaitement les Egretta les plus proches mais c’est ici que c’est plus délicat, avec des oiseaux comme les Aigrettes ardoisée et vineuse, par exemple, qui sont effectivement mises dans Egretta mais semblent si différentes à bien des égards… nous renverrons à Aigrette garzette pour les informations générales au cas par cas, comme vous le verrez dans les publications quotidiennes.

Taxonomie et sous-espèces

Egretta_garzetta1Selon la classification que nous suivons, l’Aigrette garzette a trois sous-espèces. De l’Afrique occidentale jusqu’aux Philippines, elle montre une homogénéité remarquable, mais ensuite, plus au sud-est, les oiseaux indonésiens et océaniens sont classés dans deux sous-espèces différentes (voir photos plus bas). Cela se complique néanmoins avec les populations dimorphes d’Afrique et de l’océan Indien.  Trois taxons, gularis (Afrique occidentale, y compris îles du Cap-Vert), schistacea (côte du Moyen-Orient et de l’océan Indien au sud jusqu’au Kenya et à l’est jusqu’en Inde) et dimorpha (Madagascar et côtes du Mozambique et de la Tanzanie) sont parfois classés comme sous-espèces de la garzette, comme trois espèces distinctes, comme une espèce distincte avec trois sous-espèces ou encore comme deux espèces distinctes, ce que nous faisons ici: E. gularis avec E. g. schistacea d’une part et E. dimorpha d’autre part. Il y a une fiche prête sur cette dernière, l’Aigrette dimorphe.

On comprend qu’un élément certainement important est le dimorphisme. Tous ces taxons discutés sont majoritairement gris ou noir en plumage adulte, avec une petite proportion d’individus blancs, presque indiscernables de l’Aigrette garzette, surtout dimorpha. Au contraire, l’Aigrette garzette n’est jamais ou presque jamais foncée (il y a des observations d’oiseaux foncés, mais certains estiment qu’il y a toujours une hybridation à la clef) ; dans tous les cas, entre une immense majorité d’oiseaux blancs (garzette) et une majorité d’oiseaux foncés (les autres), il doit bien y avoir une raison intéressante dessous… sans doute liée aux habitudes côtières des foncées ! À suivre…

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Mise à jour du 27 janvier 2019

Les oiseaux indonésiens et australiens montrent moins de jaune, voire pas du tout, aux pattes et aux pieds. C’est toutefois variable, et d’autant plus difficile à estimer que les doigts sont fréquemment dans la boue. Voici Egretta garzetta nigripes prise au lac Toba, Sumatra (Indonésie), en janvier 2019.

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[Espèce Nº27 du projet d’encyclopédie holistique]

Photos et textes © Valéry Schollaert 2018

Liste des autres espèces illustrées: taxonomiquejour par jour

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2 thoughts on “Aigrette garzette – Egretta garzetta

  1. Magnifique et les photos aussi. Je me souviens de ces coquettes qui portaient des plumes de ces oiseaux sur leur chapeau. Souvenir d’enfance ou dans certains films, je ne sais pas

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