Espèce commune – Page de référence (partielle) – Disponible pour sponsoring
Famille des Cuculidae (coucous, coucals, anis…) – Groove-billed Ani in English
Première publication : 17 novembre 2020 – Dernière mise à jour : 15 septembre 2022
Cet oiseau très original est répandu en Amérique centrale continentale (absent des Antilles), atteignant tout juste les États-Unis (sud du Texas). Il est plus localisé en Amérique du Sud où il y a deux “blocs” de populations : l’un en Colombie et au Venezuela et un autre sur la côte Pacifique, depuis l’Équateur jusqu’au nord du Chili. Il vit dans les milieux ouverts, y compris artificiels, et ne dépend pas des zones humides. On le trouve donc dans les prairies, les jardins en ville, les villages, les plantations, les clairières, etc.
L’Ani à bec cannelé mange surtout de gros invertébrés et, occasionnellement, des petits vertébrés. Il peut ingurgiter quelques fruits. Il chasse principalement au sol mais peut également chercher ses proies dans les branchages et sur le dos des mammifères (comme les piquebœufs). On le voit souvent autour des herbivores, surtout les vaches, pour profiter des insectes que ceux-ci attirent (comme le fait la Bergeronnette printanière, par exemple, dans l’Ancien Monde).
Méthode Formation Ornitho : la nidification des anis
Des espèces qui pratiquent un type de reproduction en coopérative existent parmi plusieurs familles ; voyez des exemples expliqués dans nos fiches avec le Bagadais casqué, la Pie-grièche à dos gris ou encore l’Apôtre gris. C’est un comportement assez rare en Amérique et les anis ont, en plus, des habitudes spéciales sur plusieurs points de détails, notamment le fait que la limite entre la coopération et le parasitisme est ici un peu floue…
Les jeunes anis sont capables d’aider leurs parents ou d’autres membres du groupe reproducteur dès l’âge de deux mois ! Ils peuvent participer à nourrir les oisillons ou à construire le nid. En effet, chaque groupe construit un seul nid pour tous les reproducteurs. Au sein des groupes, les couples sont relativement fidèles et ils travaillent même ensemble à la construction. Le mâle apporte le matériel (tiges, brindilles, racines, épines) à sa femelle pour qu’elle ajoute tout cela au nid communautaire qui, au final, est une large structure assez grossière en forme d’assiette profonde (environ 30 centimètres de diamètre et 8 centimètres de profondeur).
Chaque femelle reproductrice pond quelques œufs (en moyenne 4) mais, comportement très original parmi les espèces coopératives et typique des anis, qui provient peut-être de leur ancêtre commun avec les coucous, la femelle tente de faire passer ses œufs avant ceux déjà pondus. C’est ainsi que des femelles d’Ani à bec cannelé ont été vues retirant des œufs appartenant à d’autres femelles avant de pondre les leurs. Malgré tout, la couvée peut atteindre une vingtaine d’œufs. Chez l’Ani à bec lisse, les femelles cachent parfois les autres œufs de feuilles et brindilles avant de pondre. C’est ainsi que les nids peuvent contenir jusqu’à 36 œufs.
Tout le monde couve en se remplaçant durant la journée mais un mâle se “sacrifie” pour couver toute la nuit. Il a été démontré que ce mâle présente un taux de mortalité plus grand, sans doute car il doit faire face à des prédateurs nocturnes intéressés par les œufs ou les oisillons.
Ce mâle est bien souvent celui qui est apparié à la dernière femelle à avoir pondu, qui est celle qui a forcément le plus de jeunes survivants (vu que ses œufs sont les mieux couvés, au-dessus des autres, et qu’aucun n’a été retiré par une autre femelle). Il y a donc une forme de compensation…
L’incubation dure 13 jours et les jeunes évoluent très vite : en cas de danger, ils peuvent déjà se laisser tomber au sol et sautiller à 5 jours. À 6 jours, ils sont capables de grimper aux arbres et volent dès leur 17ème jour.
Les aidants non-nicheurs semblent n’être que des jeunes issus du groupe reproducteur : des cas de jeunes quittant leur groupe pour aller aider d’autres ne sont pas connus. Lorsqu’ils quittent le groupe de leur naissance pour en rejoindre un autre, les individus vont se reproduire. Ces échanges permettent ainsi un brassage génétique.
Taxonomie
Cette espèce monotypique est sœur avec l’Ani à bec lisse. Ces deux anis se comportent en allo-espèces avec une zone de cohabitation très limitée située principalement au Panama et au Costa Rica voisin (ou l’Ani à bec cannelé disparaît localement au profit de l’Ani à bec lisse).
C’est intéressant de préciser que le genre Crotophaga veut dire “qui mange des tiques”. En effet, en grec “κροτων” (krotōn) signifie “tique” et “φαγος” (phagos) est un mangeur. Pour “sulcirostris” voyez la note sous le nom espagnol, plus bas.
Cet oiseau se perche bien en vue dans les jardins permettant ainsi de belles observations presque illimitées.
De très près, on voit les “rayures” gravées dans les deux mandibules du bec. Ce caractère unique est à l’origine du nom vernaculaire de l’espèce ; par opposition, son espèce-sœur s’appelle l’Ani à bec lisse car il ne montre pas ces “gravures”.
Comparé à l’individu de la photo précédente, le bec est moins épais. Il s’agit d’un oiseau assez jeune qui n’a pas encore fini de “fabriquer” son bec ! Le jeune âge est confirmé par les plumes très usées sur le manteau. On voit deux générations de plumes sur les ailes : il est en pleine mue post-juvénile.
De profil, on voit le bec d’une épaisseur remarquable mais,, de face, on se rend compte que le bec est haut mais assez étroit !
Cet oiseau est toujours vu en groupes, souvent bruyants, qui se déplacent sur un territoire assez petit. On le voit donc revenir souvent sur les mêmes lieux.
Voici l’image ajoutée le 12 septembre dans la page “Oiseaux de Xpujil : 100 espèces en 100 promenades” avec des photos prises aux Cabañas Chaac.
Ayant des photos en grand format de cette espèce, j’en ai publiée une sur Flickr. Cliquez sur la photo pour la voir en très grand !
Pour en savoir plus :
- Écoutez les vocalisations sur Xeno-Canto
- Page de l’Ani à bec cannelé sur e-Bird
- Page Avibase avec traduction dans la plupart des langues
Noms conseillés par l’Encyclopédie Holistique dans 6 langues choisies :
- Espagnol : Garrapatero asurcado (*)
- Portugais : Anu-de-bico-sulcado
- Allemand : Riefenschnabelani
- Néerlandais : Groefsnavelani
- Italien : Ani beccosolcato
- Russe : Морщинистоклювая ани
(*) Ce nom normalisé utilise le nom de genre répandu (“mangeur de tique” : garrapata = tique en espagnol) avec un qualificatif qu’on entend peu sur le terrain mais qui correspond au nom scientifique. En effet, “asurcado” signifie “sillonné” (“sulcus” = sillon en latin, donc sulcirostris veut dire “bec sillonné”). En Amérique centrale, le nom Garrapatero piquiestriado (bec strié) est le plus fréquent. En Argentine, où l’espagnol a été influencé par le portugais du Brésil, on l’appelle Anó pico surcado. Ça et la, on a des petit noms, sans doute onomatopéiques en rapport avec ses cris, comme Pijui, Pijuy ou encore Tijuíl. Il existe beaucoup d’autres noms locaux, la liste que nous proposons ici est loin d’être exhaustive.
[Espèce Nº1052 du projet d’encyclopédie holistique]
Photos, tableau et textes © Valéry Schollaert & Marinella Mejia 2020 – 2022
Liste des autres espèces illustrées : taxonomique – jour par jour
Le blog de Valéry Schollaert 
Il est original et sympathique
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