Espèce de référence – publiée le 6 avril 2019
Publication complète – la famille des Corvidae (corbeaux, pies, geais…)
En anglais : Rook in English

Ce beau Corvus consomme une nourriture un peu différente des autres oiseaux du genre, qu’on les appelle corbeaux ou corneilles. Il chasse, en effet, nettement moins les vertébrés bien qu’il en soit capable si nécessaire, et n’apprécie guère les carcasses. Il consomme beaucoup de fruits si la saison le permet, et beaucoup d’invertébrés, en particulier les lombrics. C’est ainsi qu’on le voit souvent arriver en groupe dans les labours.
Cette espèce est très commune depuis les îles Britanniques à l’ouest jusque dans l’est de la Sibérie. Il vit volontiers dans des zones froides et les populations les plus nordiques sont migratrices. Les plus méridionales sont erratiques et l’espèce est observée toute l’année dans une majeure partie de la répartition. En hiver, il atteint la péninsule Ibérique, l’extrême nord de l’Inde, le sud de la Chine et, accidentellement, bien d’autres régions. Il a été introduit en Nouvelle-Zélande.
Méthode Formation Ornitho : colonies de Corvus
Les colonies de corbeaux peuvent être très grandes et, pour bien fonctionner, elles demandent une organisation sociale complexe. Ce sont des sujets peu étudiés mais une publication assez récente (2016) de Palmyre Boucherie, disponible gratuitement en ligne sur cette page (vous pouvez télécharger un pdf en bilingue français – anglais) dont voici l’introduction, ouvre beaucoup de portes.
“Les oiseaux ont longtemps été considérés comme socialement moins complexes que certaines espèces d’insectes et de mammifères. Une explication est liée à la prépondérance du système d’appariement monogame chez la plupart des espèces aviaires. Mais depuis peu, l’analyse des réseaux sociaux offre un nouvel outil pour observer plus en détail les structures sociales, et donc mieux conceptualiser l’environnement social d’un individu. De par sa richesse et sa souplesse, elle apporte des éléments de réponse originaux à une série de questionnements, aussi bien anciens que récents. Chez les oiseaux, il est désormais par exemple possible de savoir comment une paire reproductrice se forme au sein d’un réseau social plus large ou comment la stabilité des hiérarchies est progressivement établie. Les facteurs influençant les réseaux sont souvent constants et incluent la personnalité des individus, leur condition, leur âge, ou encore l’historique de leurs relations. Les positions occupées par les individus dans le réseau influencent à la fois leur valeur sélective et leur poids dans les prises de décisions collectives. Il est ainsi probable qu’au moins certaines espèces utilisent des stratégies individuelles et/ou sociales pour déterminer ces positions. Une fois établis, les réseaux sociaux peuvent prédire les directions de propagation d’information ou de parasites dans et entre groupes. D’une façon plus générale, l’analyse des réseaux sociaux en ornithologie n’en est qu’à ses débuts mais a déjà considérablement amélioré notre compréhension des divers modes d’organisation de la socialité aviaire”.
Les généralités sont les suivantes. C’est un oiseau colonial qui construit des nids proches les uns des autres, en hauteur, parfois par centaines et même milliers. Le mâle apporte le matériel et la femelle construit. C’est aussi la femelle qui couve (en général 4 œufs) durant 16 à 18 jours. Ensuite, le mâle s’occupe seul d’apporter la nourriture aux jeunes durant une dizaine de jours puis, lorsque les jeunes peuvent rester seuls au nid sans risque, la femelle se joint aux efforts. Les juvéniles quittent progressivement le nid entre la cinquième et la septième semaine mais continuent à être nourris un mois et demi avant de se débrouiller par eux-même.
Taxonomie et sous-espèces
L’espèce est bien distincte des autres Corvus, il n’y a pas d’espèce-sœur déterminée. Deux sous-espèces sont décrites : les oiseaux de l’est de l’Asie ont le menton noir emplumé. Il y a un zone d’environ 200 km de large au centre de l’Asie qui sépare les deux sous-populations, et cette isolation géographique pourrait indiquer que les deux sont en voie de spéciation malgré la grande similitude de phénotype. Tous les oiseaux illustrés sur cette page sont des nominaux.





Mise à jour du 18 août 2020
Dans la ville de Van, en Turquie, le Corbeau freux est très familier. Il cohabite avec la Corneille noire “mantelée” et semble presque aussi opportuniste que cette dernière. C’est l’occasion de prendre des photos à courte distance. En voici deux prises en août 2020. Notez le plumage très usé, classique à cette époque de l’année. La mue complète annuelle est commencée : par exemple, la queue de l’individu posé est constituée de plumes fraîches.


[Espèce Nº461 du projet d’encyclopédie holistique]

Photos et textes © Valéry Schollaert 2019 – 2020
Liste des autres espèces illustrées : taxonomique – jour par jour

Très intéressant ,je ne suis pas connaisseuse,en matière de corbeau, j’apprécie la pédagogie ,et l’intérêt porté à cette espèce,je suis vegane antispeciste, passionnée de nature
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Merci Léa !
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C’est clair, instructif et ça donne tout de suite envie d’être lu. Les photos sont de très bonne qualité et directement en rapport avec le texte. C’est du beau travail.
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De beaux corbeaux dans de magnifiques photos! Et c’est vrai que les textes sont toujours très intéressants
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Bel amplitude en vol pour ce Corbeau freux grégaire.
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