Cette leçon est ouverte à tous mais, si ce n’est déjà fait, il est fortement conseillé de lire la page d’accueil et de réaliser la leçon 1 avant de continuer. Vous pouvez suivre cette leçon en vidéo.
Les objectifs de cette leçon sont multiples et permettent de bien comprendre l’utilité de la méthode Formation Ornitho. Après avoir lu cette page et effectué les nombreux exercices proposés, vous aurez compris ou visualisé les aspects suivants :
- Notion didactique de “groupes de famille”
- Utilisation pratique de la topographie étudiée à la leçon 1
- Liens entre la morphologie et le mode de vie
- Priorité des critères de forme et de pattern sur la couleur et la taille
Il restera beaucoup de questions, notamment sur la signification exacte des mots “genre”, “famille” et “espèce”. Ceci concernera la leçon 3, patience ! D’ici là, vous pouvez toutefois lire comment écrire le nom des espèces, familles et genres dans notre article de nomenclature ornithologique.
Cette leçon étant tout au début de la formation qui est actuellement suivie essentiellement par des européens francophones et nord-africains, nous allons baser nos exercices sur des oiseaux communs en Belgique, en France, au Maghreb et en Suisse.
PREMIÈRE PARTIE
La première étape consiste à identifier un nageur. Bien souvent, il nage… mais pas toujours ! Tout bon apprentissage se fait dans un espace clairement délimité. Nous allons ainsi étudier trois familles de “vrais” nageurs, les comparer à quatre groupes de familles dont deux ne sont constitués que d’une famille (les Laridae et les Rallidae) et deux autres plus vastes (les grands échassiers et les gallinacés). Concrètement, il faut donc déterminer si votre oiseau est effectivement un nageur. Les nageurs sont souvent sur l’eau et certains s’immergent totalement jusqu’à plusieurs minutes. Sur le sol, on voit leurs pattes palmées (ou lobées dans certains cas). En vol, les ailes sont étroites et plutôt courtes et pointues, et les battements d’ailes rapides (en proportion de la taille). Il faut les distinguer des…
LARIDAE (mouettes, goélands, sternes…)
Famille unique (ne ressemblant à aucune autre) qui a, comme la plupart des nageurs, des pattes palmées. Ils peuvent nager sur l’eau, mais se distinguent des nageurs grâce à leurs ailes très longues (dépassant largement le bout de la queue, voir ci-contre, -sauf “filets” éventuels- au posé). Vous pouvez approfondir ce critère dans notre article. La plupart des Laridae passent plus de temps en vol que sur l’eau ou au sol. Ils planent très bien avec leurs longues ailes, contrairement à la majorité de nageurs qui doivent battre beaucoup des ailes ; en plus des longues ailes, ils ont le cou court. Ils marchent avec facilité et se perchent volontiers. Ils ne s’immergent pas à la manière des nageurs qui se laissent “couler”, mais certains peuvent faire des piqués depuis les airs et plonger dans l’eau à toute vitesse.
RALLIDAE (râles, gallinules, foulques…)
Famille très originale dont seuls deux genres peuvent être confondus avec les nageurs. L’un, Fulica (les foulques), a les doigts lobés et nage souvent. Les autres Rallidae n’ont pas les pattes lobées ni palmées mais des longs doigts, et nagent peu sauf Gallinula (les gallinules). Les foulques et les gallinules ont une plaque frontale typique et des ailes plus larges et arrondies que les nageurs. Dans notre leçon, au vu de la facilité de distinction entre les deux espèces communes de la région, la Foulque macroule et la Gallinule poule-d’eau, nous irons jusqu’à l’identification de l’espèce.
“GRANDS ÉCHASSIERS” (hérons, aigrettes, cigognes, ibis, flamants, grues, etc.)
Ce groupe comprend plusieurs familles de grands oiseaux à longues pattes. Ils ne nagent pas ou très rarement, leur cou est souvent long, leur bec pointu (ou très original chez les flamants qu’on ne peut confondre). Les ailes étroites et pointues de certains (notamment les ibis et spatules) peuvent rappeler celles des nageurs en vol. Leurs pattes dépassent toutefois de la queue, ce qui n’est pas le cas des nageurs.
GALLINACÉS (poules, perdrix, pintades, tétras, gélinottes, etc.)
Ils ne nagent pas ou exceptionnellement, n’ont pas de palmes aux doigts et leurs ailes sont courtes et arrondies. Il n’y a normalement aucun risque de confusion, mais certains nageurs de taille semblable peuvent brouter les graminées, rappelant alors vaguement les gallinacés dans la végétation. Notez le bec habituellement courbé, petit et court chez les gallinacés.
Nous avons exclu les oiseaux marins de notre leçon par souci de simplification. Observer en mer est différent et souvent plus rébarbatif pour les débutants. Ce sera l’objet de leçons de niveaux supérieurs…
Si votre oiseau n’est pas un nageur, nous n’irons pas beaucoup plus loin. Aux exercices, la réponse sera donc “Laridae“, “Grand échassier”, “Gallinacé” ou, si c’est un Rallidae, nous demandons un tout petit effort : distinguer la Foulque macroule de la Gallinule poule-d’eau, ce qui ne devrait poser aucun problème vu la différence de bec, de plaque frontale, et le blanc sur les flancs et les sous-caudales de la gallinule.
DEUXIÈME PARTIE
Si votre oiseau n’est pas un nageur, l’exercice s’arrête, nous n’allons pas plus loin. Si votre oiseau est un nageur, il faut déterminer la famille. C’est assez facile.
- Les cormorans (Phalacrocoracidae) sont noirs ou foncés (le ventre est parfois blanchâtre) avec un long cou, un bec assez long et crochu, une queue large souvent bien visible et de grosses pattes palmées.
- Les grèbes (Podicipedidae) sont des oiseaux qui n’ont pas ou virtuellement pas de queue. Les pattes, lobées, sont très en arrière (Podiceps signifie “pattes au cul”). Leur bec est droit (parfois légèrement retroussé) et pointu.
- Les canards, oies, cygnes etc. (Anatidae). C’est une très vaste famille, et nous invitons à la nommer avec son nom scientifique qui est facile à mémoriser, contrairement aux deux autres.
À ce stade, nous nous contenterons d’identifier cette famille par élimination : si c’est un nageur qui n’est pas un cormoran ou un grèbe, c’est forcément un Anatidae. Tous les Anatidae ont une queue, des ailes plus longues que celles des grèbes, et aucun n’a un bec tel que celui des cormorans.
TROISIÈME PARTIE
Si votre oiseau est un cormoran, c’est facile : dans le cadre de notre exercice c’est forcément le Grand Cormoran, l’identification est terminée.
Si votre oiseau est un grèbe, nous considérons 3 espèces, les plus communes dans la région considérée. Nous n’aborderons que les plumages adultes pour l’instant, et la distinction est aisée : comparez les trois espèces ci-dessous. Vous ne les confondrez pas.
Grèbe castagneux Grèbe à cou noir Grèbe huppé
Si votre oiseau est un Anatidae. Il faut alors identifier le genre. Nous en considérons 6 pour l’exercice, mais il y en a bien plus dans nos pays ! C’est une énorme famille.
Les cygnes (Cygnus)
Le cou très long et le plumage tout blanc (crème ou gris chez les jeunes, non abordés ici) rend l’identification très facile. Notez le “tubercule” au-dessus du bec, caractéristique de la seule espèce que nous prenons en considération: le Cygne tuberculé.
Les bernaches (Branta)
Grands Anatidae classiques rappelant les oies. Les bernaches de nos régions ont un bec, des pattes et un cou noirs ou noirâtres différents de tous les oiseaux. À ce stade, nous ne considérons que la Bernache du Canada, grande espèce commune, introduite, en augmentation et visible toute l’année.
Les oies (Anser)
Gros et grands Anatidae dans les tons gris ou bruns, barrés ou lignés avec bec et pattes rouges, roses ou orange. L’identification ne pose aucun problème si le bec et les pattes sont vus convenablement. De loin, elles rappellent beaucoup les bernaches.
- L’ouette (Alopochen)
C’est un oiseau unique en son genre (au sens propre, Alopochen est un genre monotypique = il n’y a qu’un Alopochen).
Le gros œil clair, la tache brune autour des yeux, le plumage gris-brun très différent de celui des oies, grandes tertiaires rousses, unies. En vol, les couvertures blanches sont remarquables.
Les fuligules (Aythya)
Canards plongeurs assez massifs avec une queue très courte. Les mâles peuvent s’identifier directement avec des plumages très contrastés caractéristiques. Les femelles sont plus ternes mais ne présentent pas le corps ni la tête tachetée ou striée comme le genre suivant. Il y a deux espèces pour notre leçon, elles sont discutées au dernier chapitre. Le cou est bien plus court que toutes les espèces décrites plus haut.
- Les canards et sarcelles (Anas)
Ce genre regroupe des canards “de surface”, c’est-à-dire qu’il ne se nourrissent généralement pas en s’immergeant complètement comme les fuligules, mais “barbotent” en se penchant dans l’eau comme la femelle du Canard colvert ci-contre. Notez son plumage marqué de grosses “stries” ou “chevrons” très différent de celui des fuligules. Les mâles ont des plumages remarquables. Nous avons choisi trois espèces pour cette leçon, elle sont décrites ci-dessous.
QUATRIÈME ET DERNIÈRE PARTIE (les espèces)
Cette partie est la moins importante à ce stade, mais deviendra le problème le plus fréquent dans le futur. Nous ne l’ignorons donc pas, mais proposons une grande simplification. Pour les cygnes, les oies, les bernaches et l’ouette, dans nos exercices, nous n’utiliserons qu’une espèce pour l’instant, illustrée au point précédent.
Si vous identifiez un fuligule (Aythya), il faudra trancher entre le Fuligule milouin et le Fuligule morillon. Le premier a l’œil rouge et le second l’œil jaune, donc aucun souci évidemment sauf s’il dort ! Vous pouvez approfondir la couleur des yeux dans notre article sur les yeux et les cercles oculaires. Les femelles ont la même couleur des yeux, parfois plus terne, mais chez le Fuligule milouin, l’œil peut être tellement plus foncé qu’il paraît brun, voire noirâtre de loin. Un bon piège pour les exercices… vous êtes prévenus !
Voyez à gauche, trois Fuligules milouins, et à droite, un Fuligule morillon.
Enfin, si votre oiseau est un Anas, appelé canard ou sarcelle en français, alors nous allons “jouer” avec trois espèces : le Canard colvert, le Canard pilet et la Sarcelle d’hiver.
Si c’est un mâle, l’identification est flagrante, voyez le montage ci-dessous. La tête verte avec le bec jaune du Canard colvert est immanquable, et la tête (+cou) bicolore foncé/blanc du Canard pilet est presque aussi voyante. La petite Sarcelle d’hiver est un peu plus discrète mais sa tête roussâtre avec le bandeau vert foncé sur les côtés et rejoignant la nuque est original et ne rappelle pas les autres Anas.
Les femelles sont nettement plus difficiles à identifier. Notez la tête non contrastée du Canard pilet, contrairement aux deux autres qui ont un trait sourcilier noirâtre ainsi que la calotte plus foncée que les parotiques. La petite tache verte sur les secondaires et à la base des tertiaires de la Sarcelle d’hiver est appelée miroir. Ce miroir est bleu chez le Canard colvert, mais non visible ici car ce sont des plumes cachées lorsque l’aile est complètement fermée. Notez le bec avec plus d’orange du Canard colvert. Ce dernier est un gros canard, alors que la sarcelle et minuscule. L’occasion de rappeler que la taille est un critère inutilisable sur photo, et bien souvent aussi sur le terrain, sauf en comparaison directe.
EXERCICES
- Exercice 2a : les familles et groupes de famille
- Exercice 2b : les genres, familles et groupes de famille
- Exercice 2c : les espèces (faciles), les familles et groupes de famille
- Exercice 2d : les espèces, les familles et groupes de famille
Retour à l’accueil Formation Ornitho – Aller à la leçon 1 – Aller à la leçon 3
One thought on “Leçon 2 : les oiseaux “nageurs””