Les barres alaires des couvertures

L’identification des oiseaux super-facile!

Un critère, deux exemples!

Carduelis_corsicana_barres1.JPGUn des critères fondamentaux pour l’identification visuelle est le pattern des couvertures alaires. Bien souvent, la présence ou non d’une ligne (appelée “barre alaire”) est suffisante pour distinguer deux espèces. Parfois, c’est entre une ou deux lignes (donc une ou deux “barres alaires”). Il faudra parfois étudier plus en détail dans le cas d’espèces très complexes comme les gobemouches Ficedula. Dans notre article, nous allons voir un cas très facile, et un cas classique qui ne pose pas beaucoup de problèmes non plus.

Rappelons la structure de l’aile avec le mâle de Venturon corse ci-dessus. La flèche bleue (la plus à gauche) de l’encart montre les rémiges secondaires, marquées de jaune sur cet oiseau. Juste au-dessus, la flèche orange indique une rémige tertiaire dont le bord est jaune (on appelle ça un liseré). La flèche rouge, à droite, signale les grandes couvertures jaunes qui contrastent avec le noir et le brun qui l’entourent : c’est la barre alaire ! Notez que les rémiges primaires sont liserées de blanchâtre; le pattern alaire de cette espèce est vraiment complexe!

Chloris_chloris_barres1.jpgIl est important de bien distinguer les barres alaires des couvertures des barres (également parfois appelées “panneaux alaires” ou “miroirs”) dans les rémiges. Voyez un exemple de “panneau alaire” ci-contre avec le Verdier d’Europe. Si vous avez encore un doute entre couvertures et rémiges, voyez aussi le montage illustrant les différentes rémiges dans l’article sur les projections primaires.

 

Exemple 1: Mésange noire et Mésange charbonnière

Deux mésanges avec la tête noire (sauf parfois la nuque) et la joue blanche sont répandues en Eurasie et en Afrique du Nord. Il s’agit de la Mésange charbonnière (Parus major) et de la Mésange noire (Periparus ater). Les mésanges du genre Poecile (comme la nonnette, la boréale, la lugubre…) n’ont pas de barre alaire. Les autres mésanges comme les Cyanistes (bleue, maghrébine, etc.) ainsi que l’unique Mésange huppée n’ont pas la calotte toute noire.

Nos deux mésanges ont donc la calotte toute noire avec une barre alaire chez la Mésange charbonnière et deux barres alaires chez la Mésange noire. Vraiment facile, n’est-ce pas?

paridae_barres.JPG

Voyez l’image ci-dessus. En haut, à gauche, on voit des points blancs sur le bout des grandes couvertures indiqué par la flèche rouge. Une deuxième série de points blancs forme une ligne un peu plus en avant de l’oiseau, c’est la seconde barre alaire (couvertures moyennes) pointée par la flèche jaune. C’est une Mésange noire. En bas, une seule ligne blanche, une seule flèche rouge pour indiquer cette barre alaire unique (grandes couvertures) ; c’est une Mésange charbonnière. Parus_major_barres1Pour comparaison, en haut à droite, une Poecile, la Mésange nonnette : l’aile est uniforme, il n’y a pas de barre alaire.

Identifions alors l’oiseau ci-contre. Très gris, ventre terne (selon les sous-espèces, nos deux mésanges ont des ventres qui varient de gris à jaune), petite tache sur la nuque… on pourrait hésiter sans le pattern des couvertures. Heureusement, on voit clairement une seule barre alaire (agrandie en encart et pointée par la flèche rouge) : c’est une Mésange charbonnière.

Periparus_ater_barres1.JPG

Ci-contre, encore une mésange bien grise, terne avec une tache blanche sur la nuque. On hésiterait… s’il n’y avait pas deux barres alaires (voir encart avec les deux flèches pour les détails) qui nous indiquent, sans erreur possible, qu’il s’agit d’une Mésange noire !

En résumé, c’est donc facile.

    • Une barre: charbonnière
    • Deux barres: noire

 

Exemple 2: Bergeronnettes des ruisseaux, printanière et citrine

Trois bergeronnettes souvent de couleur jaune sont très répandues et vont être étudiées ici au niveau de leurs barres alaires.

      1. La Bergeronnette printanière (Motacilla flava): très polytypique (beaucoup de sous-espèces), on la rencontre presque partout en Europe, en Asie et en Afrique
      2. La Bergeronnette citrine (Motacilla citreola): abondante en Asie mais localisée et Europe et rare en Afrique
      3. La Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea): peu commune à commune mais très répandue en Europe et en Asie et dans une grande partie de l’Afrique

Le principe est simple: la seule n’ayant pas de barre alaire est la Bergeronnette des ruisseaux. La Bergeronnette printanière a deux barres alaires jaunâtres ou blanc cassé, souvent étroites, alors que la Bergeronnette citrine a de larges barres alaires blanches!

 

Motacilla_barres.jpg

Ci-dessus nous voyons ces trois bergeronnettes. En haut, à gauche, une Bergeronnette printanière montrant des barres alaires exceptionnellement larges ; elles sont toutefois bien jaunes écartant toute possibilité de Bergeronnette citrine. La citrine, justement, est en haut, à droite. Elle montre bien ses larges barres alaires blanchâtres. En dessous, la Bergeronnette des ruisseaux n’a pas de barre alaire bien que le fin liseré sur le bout des grandes couvertures peut prêter à confusion. Souvent les plumes fraîches présentent un fin liseré qui s’estompe avec le temps. Nous verrons dans un autre article comment l’usure du plumage peut être utilisé comme critère. Dans notre cas présent, la finesse de cette ligne et l’absence d’une seconde ligne ne laisse planer aucun doute: c’est bien la Bergeronnette des ruisseaux.

Insistons donc: si le principe est simple:

  • Deux larges barres alaires blanches: Bergeronnette citrine
  • Deux barres alaires jaunes ou blanc cassé: Bergeronnette printanière
  • Pas de barre alaire: Bergeronnette des ruisseaux

L’usure du plumage peut rendre l’utilisation de ces critères un peu plus délicate.

En cas de plumage très frais: barres nettes et “propres”, plutôt larges pour les espèces à barres alaires ;  fin liseré possible sur des couvertures normalement dépourvues de barres alaires.

Motacilla_citreola_barres1En cas de plumage très usé: barres plus étroites, “sales”. Ainsi, une Bergeronnette citrine très usée peut avoir des barres qui rappellent en couleur et en épaisseur celles d’une Bergeronnette printanière fraîche.

Voyons un exemple de chaque espèce.

À droite, deux barres alaires blanchâtres larges indiquent sans aucune doute une Bergeronnette citrine.

Motacilla_cinerea_barres.JPGCi-contre, voyez une Bergeronnette des ruisseaux bien intéressante. En effet, si elle n’a pas de “vraie” barre alaire, elle est en mue et illustre parfaitement comment une “fausse” barre alaire pourrait prêter à confusion. Dans l’encart, les deux flèches orange pointent deux grandes couvertures récemment muées, très fraîches. Elles sont entourées d’un liseré un peu plus pâle, tout comme les couvertures moyennes (flèche jaune), Le bout de ces plumes fraîches peut donner une impression de barre alaire ! Toutefois, regardez les autres grandes couvertures (flèche bleue). Elles sont usées, le liseré clair a disparu depuis longtemps. Notez qu’elles sont aussi plus brunes (moins noirâtres). Le soleil, avec le temps, brunit les plumes foncées !

Regardez aussi ci-dessous. On voit deux barres alaires étroites, c’est une Bergeronnette printanière. L’encart nous montre que celles-ci sont fort usées: le bout des plumes est “effiloché”, signe typique d’usure.

Motacilla_flava_barres1

Vos questions sont les bienvenues sur le Forum Formation Ornitho de Facebook ou ci-dessous dans les commentaires. Il y a d’autres articles semblables sur notre page “Un critère, deux exemples” et des articles d’identification plus détaillés ici.

 

 

6 thoughts on “Les barres alaires des couvertures

  1. merci beaucoup pour ces infos; ainsi, je prends connaissance plus facilement de la structure de l’aile; il ne me reste plus qu’à garder tout cela en mémoire et j’espère qu’elle ne me fera pas défaut

    Liked by 1 person

  2. Merci Valéry pour ces articles bien intéressants! Sous la troisième photo de l’article, à la première ligne, c’est gauche et pas droite 😉

    Like

Leave a reply to Valéry Schollaert Cancel reply