Les “doigts” des rapaces!

L’identification des oiseaux super-facile !

Un critère, deux exemples!

Les rapaces en vol sont réputés pour leur difficulté d’identification, mais certains critères simples peuvent aider, y compris les observateurs sans expérience. Il s’agit ici d’un critère très facile à appliquer avec une photo, même de mauvaise qualité. Il faut compter “les doigts de la main”. Évidemment, le rapace n’a pas de doigts au sens propre, mais les grandes plumes de vol allongées au bout de l’aile (“rémiges primaires externes” pour les spécialistes) rappellent les doigts d’une main. De plus, beaucoup de rapaces en ont 5, exactement comme sur la main d’un humain; voyez le Milan royal ci-contre. Certains rapaces en ont plus, par exemple 7 sur le Vautour fauve ci-dessus.

Voyons avec deux exemples comment appliquer, en pratique, ce critère.

Exemple 1: les milans du Paléarctique occidental

Trois espèces existent “chez nous”, et le genre s’identifie assez facilement: ce sont des grands rapaces à la queue habituellement échancrée.

1. Le Milan noir (Milvus migrans), commun dans presque toute la région
2. Le Milan royal (Milvus milvus), répandu et parfois commun en Europe, plus rare au Maghreb et au Proche Orient
3. Le Milan à bec jaune (Milvus aegyptius), commun en Égypte et localisé sur la péninsule arabe.

Notre critère s’applique très facilement

• Si notre milan a 6 doigts: c’est un Milan noir
• Si notre milan a 5 doigts en Europe ou au Maghreb: c’est un Milan royal
• Si notre milan a 5 doigts en Égypte ou sur la péninsule arabe: c’est un Milan à bec jaune

Voyons cela en image. Voici une photo qui illustre deux oiseaux pris en Espagne. On ne voit qu’une silhouette et la couleur n’est donc pas utilisable mais l’identification est pourtant immédiate: l’oiseau de gauche a 5 doigts, c’est un Milan royal. Celui de droite en a 6, c’est un Milan noir. Un autre façon de l’exprimer, puisque de toute manière notre description est imagée, est de dire que le sixième doigt du Milan royal est court et celui du Milan noir est long.

Ci contre, un milan vu de loin semble avoir beaucoup de jaune sur le bec. Serait-ce le Milan à bec jaune? Hé non! Il a 6 doigts, c’est automatiquement le Milan noir!

Comparez ci-dessous avec un “vrai” Milan à bec jaune. On voit 5 doigts ou, disons, le sixième doigt est nettement plus court.

Exemple 2: les Aigles criard et pomarin

Deux aigles du genre Clanga se ressemblent énormément et sont également proches génétiquement au point que des hybrides sont parfois observés. Il s’agit de

1. L’Aigle criard (Clanga clanga), nicheur assez rare dans le nord-est de l’Europe, hivernant notamment sur le pourtour méditerranéen et, rarement, un peu partout en France
2. L’Aigle pomarin (Clanga pomarina), nicheur commun en Europe centrale et orientale, très rarement en France, qui hiverne en Afrique noire.

L’identification de ces deux magnifiques rapaces est très complexe, mais le néophyte peut identifier une majorité des individus “normaux” grâce au “septième doigt”: court chez le pomarin et long chez le criard, tout simplement!

Sur la photo ci-dessous, on peut comparer le septième doigt long de l’Aigle criard (dans l’encart à gauche) avec ce doigt court chez l’Aigle pomarin (à droite). Notez que des plumes peuvent muer (tomber puis repousser) et/ou se casser donc il faut regarder attentivement, Ainsi, sur l’Aigle criard ci-dessous, on voit le premier “doigt” de l’aile gauche (à droite dans notre angle de vue) qui est cassé; comparez à l’aile droite pour vous en convaincre.

Vos questions sont les bienvenues sur le Forum Formation Ornitho de Facebook ou ci-dessous dans les commentaires. Il y a d’autres articles semblables sur notre page “Un critère, deux exemples” et des article d’identification plus détaillés ici.