Espèce endémique Niv 1* (“classic”) – Page sponsorisée par Tody Tours
Famille Tyrannidae (tyrans, moucherolles, élénies) – Hispaniolan Pewee in English
Première publication : 20 juin 2021 – Dernière mise à jour : 20 juin 2021

Ce moucherolle de taille moyenne est sans doute l’une des espèces les plus ternes parmi la trentaine d’endémiques d’Hispaniola présentes en République Dominicaine. Il est répandu sur l’île et encore assez commun, donc on le classe en « préoccupation mineure » (least concern). Pour ces raisons, peu de gens s’intéressent à lui, alors qu’il diminue et pourrait bientôt être menacé. La population d’Haïti (y compris la sous-espèce endémique de la Gonâve) est déjà très réduite car les habitats naturels y ont presque totalement disparus. En République dominicaine, la situation est meilleure mais quand même inquiétante : il ne reste que 10% de la forêt naturelle.

Bien qu’il accepte un certain niveau de dégradation, il a besoin de grands arbres pour vivre. La forêt, les boisements et certaines plantations dont le café en ombrage accueillent des densités raisonnables. Personne ne l’a étudié en détails : on sait seulement qu’il mange des insectes et quelques petits fruits, comme beaucoup de Contopus. La femelle construit un nid en forme de bol avec des radicelles, des mousses et du lichen, à quelques mètres du sol, à la fourche de brindilles. Elle y pond de deux à quatre œufs.
Il n’y a aucune autre information disponible, confirmant le manque total d’intérêt, regrettable, que suscite cet oiseau plutôt discret.
Stratégie pour observer photogaphier un endémique discret tel que le Moucherolle d’Hispaniola
J’ai vu un couple de Moucherolle d’Hispaniola dans les montagnes, à Constanza. La plupart du temps, il était perché sur de hautes branches d’un arbre mort. J’ai effectué des heures d’observation à cet endroit où j’ai rencontré aussi d’autres espèces endémiques telles que le Zéna d’Hispaniola et la Ligéa aux yeux rouges. Les photos obtenues sont suffisantes pour un “cocheur” mais insignifiantes pour un photographe et inutiles pour un scientifique.

Cette photo a été obtenue après des heures passées sous un arbre mort où le moucherolle aime chasser. Elle est fortement recadrée et un vrai photographe ne saurait s’en contenter. Aucun comportement inhabituel n’a été noté.
En séjournant plusieurs semaines à Villa Barrancolí, à la recherche de la plupart des spécialités du pays qui s’y trouvent pratiquement toutes, j’ai rencontré plusieurs couples, dont un dans le jardin lui-même. Au lieu de forcer la chance, je me contente de patienter, espérant qu’au hasard de mes balades certains individus finissent par se percher à côté de moi et autorisent de bonnes photos. C’est ma stratégie préférée : beaucoup de temps sur le terrain, pas de stress, et pas d’influence de l’observateur sur le comportement naturel des oiseaux. Comme espéré, cela a fonctionné : le troisième jour, j’ai eu un individu à très courte distance, illustré sur la photo de “couverture” plus haut. Un peu plus tard, j’ai trouvé un couple en train de chasser dans les sous-bois d’un massif boisé dense, et ils ont gentiment décidé de pratiquer leur tactique habituelle de “gobemouche” sur une branche morte juste à côté de moi, où les deux prochaines images ont pu être prises.
Valéry Schollaert

Les parties inférieures sont gris souris, faiblement contrastées. On peut voir ici le bec relativement fort pour un Contopus et les longues vibrisses typiques des moucherolles modernes (certains membres basaux de la famille n’ont pas de vibrisses ou elles sont très réduites, par exemple le Tyranneau imberbe).

Vu de dessus, l’oiseau est plus sombre et un peu plus contrasté avec de vagues dessins à peine visibles sur les ailes. Les projections primaires sont plus courtes que chez la plupart des moucherolles migrateurs, mais assez longues pour lui permettre d’avoir de grandes aptitudes à la chasse aux insectes volants.
Taxonomie et sous-espèces
La population de la Gonâve est séparée en une sous-espèce distincte (C. h. tacitus) de la nominale, présente partout ailleurs et illustrée ici.
La classification ancienne a été mouvementée. En 1939, le Moucherolle tête-fou (de Cuba) est décrit avec le nom Muscipeta caribaea ; en 1847, le Moucherolle de la Jamaïque est décrit et appelé Myiobius pallidus. Ce n’est qu’en 1867 que le Moucherolle d’Hispaniola est rencontré par la science et il reçoit le nom Tyrannula carriboea “variant hispaniolensis“. Ces trois espèces sont si proches qu’elles ont été, toutes les trois groupées en une seule mais elles ont été décrites en trois genres différents !
En réalité, ce sont trois espèces distinctes, assez significativement selon la voix, le plumage et la taille, mais qui méritent certainement d’être mises dans le même genre. Le groupement en une super-espèce ne semble toutefois pas approprié, mais ce détail reste à confirmer.
Autres espèces sponsorisées par Tody Tours : Tacco d’Hispaniola, Viréo à moustaches

[Espèce Nº1267 du projet d’encyclopédie holistique]
Photos, tableau et textes © Valéry Schollaert & Marinella Mejia 2021
Liste des autres espèces illustrées : taxonomique – jour par jour

Bien joli ! J’aime bien ses yeux et ses petites vibrisses 😍
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Merci pour ton commentaire, Valérie ! Des vibrisses, oui, mais si petites !
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Très instructif. Merci!
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Il est magnifique et les photos aussi
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Ravissant !
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Quelle belle petite bouille !
Claudia Salaün
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Oui! Un magnifique oiseau que ce Moucherolle d’Hispaniola 😃😍!
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Merci Marco, je préfère regarder des oiseaux “kitsch” comme les todiers, mais je les aime tous 😉
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C’est vrai qu’il est terne mais on voit bien ses vibrisses.
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Magnifique moucherolle!
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Perché dans le feuillage des arbres, cet oiseau doit difficile à voir. Un peu de gris bleuté sur la gorge
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