Espèce vedette – publiée le 06 juin 2018
Publication complète – famille des Accipitridae (buses, aigles, éperviers, etc.)
En anglais : White-headed Vulture in English
Les vautours sont des oiseaux dont le rôle dans l’écosystème est parmi les plus faciles à visualiser : ils “nettoient” les carcasses d’animaux morts. Ils sont donc considérés comme “utiles” par ceux qui ont encore besoin de chercher une raison intellectuelle à l’existence d’un être différent d’eux-mêmes. Malgré cela, ils font partie des animaux qui souffrent le plus des humains. Empoisonnement volontaire (sur base de croyances obscures, ou pour éviter qu’une carcasse braconnée ne soit repérée par les gardes grâce aux vautours) ou indirect (insecticides, poisons contre les mammifères carnivores), chasse/braconnage, disparition des carcasses (car diminution des mammifères sauvages), captures pour des “médecines traditionnelles”… ils n’échappent à aucun massacre. Le résultat est dramatique : une publication de 2015 estime la diminution du magnifique Vautour à tête blanche à 96% en 45 ans! Cette division par 25 de la population mondiale explique son placement en “critically endangered” par l’IUCN / Birdlife International.
Aux dernières nouvelles, notre vedette peut encore s’observer dans les grandes zones bien protégées d’Ouganda (parcs nationaux Queen Elizabeth, Murchison Falls, Kidepo), de Tanzanie (Serengeti, Tarangire, Ruaha), d’Afrique du Sud (Krüger), du Botswana (Chobe, Moremi) et du Zimbabwe (Hwange). En dehors des zones protégées, il a déjà disparu presque partout, sauf peut-être localement au Cameroun et en Éthiopie. Vu les faibles densités, il faudra toutefois avoir la chance de découvrir une carcasse utilisée par les vautours ou scruter longuement le ciel pour en apercevoir l’un ou l’autre (souvent en couple).

Ce vautour est très original sur plusieurs points de vue. Tout d’abord, un dimorphisme sexuel unique en son genre : la femelle présente deux nets “carrés” blancs dans les régimes secondaires internes et tertiaires. Ensuite, à l’instar du Vautour royal d’Asie, il est moins puissant que les Gyps (tels que les Vautours de Rüppell et africain) avec lesquels il ne peut donc pas entrer en conflit. Il est toutefois trop grand pour se contenter du travail de nettoyage final de la carcasse ou des ossements comme les Vautours percnoptère et charognard. Il doit donc utiliser… la ruse et l’habileté ! Il peut attraper rapidement un morceau de viande laissé sans attention par quelques Gyps en pleine dispute ; il peut aussi achever une proie blessée ou mourante, profiter d’un feu pour capturer des reptiles qui tentent de s’échapper. Il a été vu volant la proie des Pygargues vocifers et même à des Marabout d’Afrique ! Il peut parfois consommer des jeunes oiseaux au nid (comme des flamants), et occasionnellement effectuer des chasses en coopération de quelques individus pour capturer une mangouste ou un varan.
Le nid est une structure massive en haut d’un grand arbre où il pond un seul œuf. Sachant que plus de la moitié des couples ne nichent pas chaque année, et que le succès n’est que de l’ordre de 60%, on imagine que pour revenir à des niveaux de populations décents, quand enfin on arrêtera de le tuer, prendra de nombreuses décennies ! L’incubation dure entre 51 et 56 jours et le jeune s’envole qu’à 2 mois.
Conservation – comment aider notre vedette?

Nous répétons sans cesse que la biodiversité ne pourra être sauvée que si les humains deviennent “végans”, ceci en est un exemple de plus. Presque tous les problèmes des vautours disparaîtraient si les humains respectaient les animaux. Fin du conflit prédateur-bétail (donc fin des empoisonnement indirects), fin des empoisonnement direct (les végans ne tuant pas les animaux…), fin des tirs (les végans ne chassent pas et n’utilisent pas de produits animaux pour se soigner), etc. Selon Birdlife International, en utilisant l’outil de recherche sélective, on voit qu’environ 50% des quelque 1250 espèces vulnérables et en danger ont l’élevage ou la chasse parmi les causes de leur diminution. Nous nous proposons de faire une analyse plus fine avec des chiffres très précis pour interpeller ces associations qui disent la vérité espèce par espèce… mais oublie de tirer une conclusion globale qui a du sens. Nous vous tiendrons au courant. D’ici là, il semble évident que répandre et expliquer la notion de véganisme est la meilleure chance pour nos vautours.
Taxonomie
C’est une espèce très distincte, classée dans son genre monotypique. Le Vautour royal (Sarcogyps calvus – en Asie) semble superficiellement assez proche, et il se pourrait que ce soit effectivement son plus proche parent. Le Vautour oricou, avec lequel il cohabite, serait aussi relativement proche ; ces trois espèces, avec le Vautour moine, ont parfois été classées dans un même genre.



[Espèce Nº157 du projet d’encyclopédie holistique]
Photos et textes © Valéry Schollaert 2018 – 2019
Liste des autres espèces illustrées : taxonomique – jour par jour

Dommage que les vautours ne soient pas mieux appréciés. Ce sont de bons nettoyeurs de carcasses.
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Un beau vautour!
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