Espèce endémique Niveau 1* (“classique”) – publiée le 6 mars 2020
Page complète publiée avec BANGKONG KAHOY
Publication complète – Famille des Zosteropidae (zostérops)
En anglais : Chestnut-faced Babbler in English
Ce joli petit passereau est endémique de Luçon (nord des Philippines) où il est parfois commun en altitude, notamment à partir de 1400 mètres d’altitude. Alors qu’il fréquente les boisements et forêts denses (comme sur le Mont Banahaw, au-dessus de Bangkong Kahoy, où est prise la photo ci-dessous), il peut également survivre dans les collines herbeuses parsemées de quelques arbres, adaptation qui garantit sa survie à court terme.


Les détails de sa reproduction sont inconnus. D’autres aspects du comportement, tels que le régime alimentaire et la stratégie d’alimentation, sont facilement observables sur le terrain et les informations sont données dans le texte ci-dessous.
L’histoire de sa classification offre une excellente occasion d’expliquer pourquoi la collecte de spécimens pour la science n’a plus aucun sens. Voyons cela en profondeur.
ARTICLE SPÉCIAL OFFERT PAR BANGKONG KAHOY
Comment le prélèvement d’oiseaux manque sa cible
Quel genre de scientifique a classé ce zostérops dans la famille des timalies ?
Pendant des siècles, la convention était de collecter des individus (le premier étant appelé « l’holotype ») pour illustrer une découverte. Que nous ayons une plante, un insecte, un poisson, un oiseau ou un mammifère, la manière classique était, et est encore souvent, d’en tuer un individu et de conserver le corps dans un musée. Pendant longtemps, l’absence de restriction éthique n’a pas remis cela en question. De plus, la plupart des populations sauvages étaient stables à l’époque. Ainsi, le risque de faire peser une menace sur une espèce rare, avec le prélèvement d’individus, était limité. Cependant, il existe quelques exemples d’oiseaux, aujourd’hui disparus, qui ont beaucoup souffert des prélèvements de spécimens pour la recherche, comme le Grand Pingouin et le Caracara de Guadalupe. Ils auraient peut-être disparu aussi sans le prélèvement, mais les individus tués par les scientifiques ont été significativement importants par rapport à l’état de la population. Ainsi, cette activité a donc certainement accéléré le processus d’extinction.
Par ailleurs, il y a une demande grandissante de plus de respect envers toutes les créatures de la Terre, quelle que soit l’espèce ; et tuer pour la recherche n’est certainement pas respectueux, surtout que d’autres solutions existent désormais.
C’est l’information-clé de cet article. Nos ancêtres n’ont probablement pas trouvé d’autre manière de garder une preuve fiable d’une découverte que de conserver le corps, car ils n’avaient pas de photographie, de vidéo, d’analyse ADN et d’autres technologies modernes. Ces technologies, de nos jours, sont facilement utilisables par tous et conservent de bien meilleures informations qu’un cadavre. Ici, nous en avons un exemple spectaculaire.


Lorsque nous avons vu pour la première fois un Zostérops de Whitehead, en février 2020, la réaction immédiate était très claire : pourquoi diable cet oiseau s’appelle tilamie ? Il a la silhouette d’un zostérops, le cercle oculaire d’un zostérops, le comportement alimentaire d’un zostérops, le comportement social d’un zostérops, le chant d’un zostérops et les cris d’appel rappelant les zostérops. Même l’alimentation est typique des zostérops ! En effet, on retrouve leurs habitudes : sucer le nectar (voir photo en haut), capturer des insectes (plus gros que ceux habituellement consommés par les Zosterops, car ici l’oiseau est plus grand – voir ci-contre) et consommer des fruits (voir ci-dessous).
Cela nous a paru très étrange qu’il soit classé dans les Timaliidae (timalies) comme on le voit dans nos guides de terrain. Nous avons donc vérifié plus tard, dans la littérature plus récente, disponible en ligne, si d’autres observateurs avaient soulevé la même constatation que nous. Nous avons d’abord lu HBW Alive, et cette phrase nous a fait rire.
““Moved to present family [Zosteropidae] base on dense molecular sampling”.
On peut se demander pourquoi quelqu’un aurait besoin d’un « échantillonnage moléculaire dense » pour placer cet oiseau dans la bonne famille, alors que quiconque ayant l’expérience de quelques mois d’observation d’oiseaux peut voir que c’est un zostérops ? La réponse est, en fait, simple. L’ancienne classification était basée sur des spécimens. Les spécimens ne prennent pas en compte la voix, l’attitude, le comportement alimentaire, le comportement social, la silhouette réelle ou le « jizz ». Les spécimens montrent la couleur (dans les bons musées, mais certains spécimens usés ont parfois amené à des informations erronées), la forme du bec et la taille… pas davantage. Sur la base d’un tel cadavre, il peut alors, en effet, rappeler une petite timalie comme beaucoup d’autres oiseaux.
Admettre avoir eu tort est toujours difficile, d’où cette « excuse » à peine dissimulée : prétendre qu’un « échantillonnage moléculaire dense » était nécessaire est une manière de dire que l’erreur était parfaitement logique et compréhensible.
Si par le passé, de nombreux résultats ont été obtenus grâce au prélèvement de spécimens, de nos jours cela n’a plus aucun sens de l’utiliser car inutile, vu les alternatives bien meilleures. C’est aussi contre toute logique de conservation : les espèces nouvellement décrites ne sont certainement pas communes et très probablement menacées, car elles sont suffisamment rares pour être passées inaperçues pendant des siècles. Ça va aussi à l’encontre de l’éthique moderne.
L’échantillon génétique, la couleur, la voix, la silhouette, la taille et toutes les informations qui peuvent être obtenues sur le terrain, avec des individus vivants, seront beaucoup mieux conservés dans les ordinateurs et les appareils photo que sur un cadavre poussiéreux dans un tiroir d’un musée.
La publication de ce texte a été possible grâce au soutien de Bangkong Kahoy qui organise divers projets de conservation décrits ici, cliquez!
Valéry Shollaert et Marinella Mejia
Taxonomie et sous-espèces
Cette espèce est très distincte et mérite probablement d’être seule dans son genre Zosterornis. Les autres espèces actuellement placées dans ce genre, toutes endémiques des Philippines, sont striées et assez différentes à plusieurs égards. Elles devraient probablement être séparées dans un nouveau genre.
Deux sous-espèces sont acceptées ; les oiseaux du sud-est de Luçon présentent des liserés foncés sur la face et la calotte, absents chez les oiseaux nominatifs du reste de l’aire de répartition (du centre au nord de Luçon).

[Espèce Nº796 du projet d’encyclopédie holistique]
VOICI LES AUTRES PAGES SUR LES OISEAUX DE L’ÉCOLODGE BANGKONG KAHOY
- Malcoha à sourcils rouges
- Sittelle des Philippines
- Siffleur à dos vert
- Zostérops jaunâtre
- Pic des Philippines
- Gobemoustique canari
Cliquez ici pour voir les paysages et notre description de l’écolodge Bangkong Kahoy

Photos, tableau et textes © Valéry Schollaert, Chantal Lac & Marinella Mejia 2020 – 2022
Liste des autres espèces illustrées : taxonomique – jour par jour

Le cercle oculaire blanc et la tête brun roux de ce Zostérops est accompagné de jolies couleurs chaudes..
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