La nature fonctionne avec des mécanismes complexes, mais avec certains exemples évidents, il est plus facile d’expliquer à tous les bases de ces mécanismes, et pourquoi la “gestion” des populations animales telle que pratiquée par certains naturalistes et la plupart des chasseurs est absolument inutile et contre-productive. Le comportement exceptionnel de notre oiseau qui “aime” le plastique va nous permettre de visualiser ceci en toute simplicité !
Notre ami du plastique est le Corbeau familier dont nous vous proposons une description détaillée ici. En réalité, aucun oiseau ne mange le plastique; certains crustacés, notamment les décapodes, en consommeraient dans les “continents de plastique” des océans, comme dans le Pacifique, et il est plus que probable que la nature trouvera ainsi diverses solutions pour progressivement débarrasser l’environnement de ces millions de tonnes de déchets.
Toutefois sur terre, le plastique ne peut actuellement pas être consommé par des animaux, et il est possible qu’il faille attendre des milliers d’années avant qu’un animal n’évolue assez pour s’adapter à cette source de “nourriture” pour le moins saugrenue.
Nous voyons souvent le Corbeau familier avec du plastique. Ce n’est pas parce qu’il en mange. Il a simplement une intelligence exceptionnelle pour comprendre ce qu’il va trouver dans un sac en plastique, pour ouvrir le sac sans ingérer le plastique ou autre emballage artificiel dangereux pour lui, et trier ce qui est comestible de ce qui ne l’est pas. Aucun autre oiseau ne parvient à une telle efficacité. Chez les mammifères, les rats sont assez efficaces dans le même sens, mais ils n’ont pas la possibilité de voler et leurs populations sont donc localisées autour des sources de nourriture comme les décharges. Le corbeau, lui, peut vivre dans une ville ou à la campagne, et quotidiennement se déplacer de plusieurs kilomètres pour se nourrir, et ramener de la nourriture à ses jeunes dans le nid. C’est ainsi que, comme expliqué sur la page de cette espèce, les corbeaux sont des millions dans des villes comme Dar-es-Salaam en Tanzanie, qui ne trie pas ses déchets.
Dans la nature, chaque espèce animale a un rôle que l’on pourrait qualifier de “travail” ; les scientifiques parlent de “niche écologique”. Aucune espèce n’est inutile, chacune fait partie d’un fonctionnement global : tel un moteur avec des engrenages et des courroies, les écosystèmes développent une efficacité basée sur le travail de diverses composantes.
Si une espèce disparaît, ou ne fait plus son travail, c’est tout le mécanisme qui va en souffrir ; comme si vous retirez un engrenage ou une courroie de votre moteur, il est probable que votre voiture ne roulera plus aussi bien ! Nous analysons cet aspect essentiel de la nature dans notre article “rôle des espèces dans l’écosystème“. Dans cet article, vous verrez que les déchets des uns sont la nourriture des autres, et tout est bien rôdé. Ici, nous allons plutôt étudier comment la nature réagit à l’introduction de matières artificielles, surtout les déchets produits par les humains.
Ainsi, le rôle du Corbeau familier est facile à décrire. C’est un nettoyeur, qui va consommer les surplus en tout genre, surtout ce que les autres espèces ne peuvent pas consommer. Ses densités naturelles sont faibles car, justement, dans un écosystèmes fonctionnel, presque toute la nourriture disponible est consommée par d’autres animaux. Toutefois, si soudainement une nouvelle source de nourriture apparaît, alors il est au première loge pour trouver une manière de l’exploiter.
Lorsque l’humain intervient dans un écosystème, il peut observer les réactions de celui-ci, et éventuellement adapter son intervention si la réaction de la nature ne lui convient pas. Dans notre exemple, c’est d’une facilité enfantine. Lorsque l’humain introduit des déchets dans un écosystème, si ceux-ci sont mélangés de matières organiques comestibles avec des déchets plastiques, chimiques ou électroniques, il va attirer le Corbeau familier ou un autre opportuniste “intelligent”, capable de faire un travail de tri et de gestion. Cet animal abondera proportionnellement à la quantité de déchets à traiter, et si celle-ci est énorme, il se peut que le corbeau soit quasiment le seul oiseau, voire le seul animal, à survivre.
Au contraire, si l’humain fait ce petit effort de trier les déchets, et introduit dans la nature uniquement la matière organique, au lieu de détruire la biodiversité comme ci-dessus, il va la soutenir. Des oiseaux comme le joli petit Cratérope de Ceylan (Turdoides rufescens), qui est très dépendant de la forêt de montagne, va même sortir de la forêt pour aller consommer cette nourriture providentielle. Composter ou simplement offrir une telle source de nourriture va favoriser l’installation d’animaux tels que ce cratérope dans les milieux que nous exploitons, et aider la biodiversité à survivre même lorsque les habitats originels ont été modifiés ou détruits.
On peut donc résumer l’approche erronée de la gestion des “surpopulations” (une notion très anthropocentrique) de la façon suivante grâce à notre exemple
NOUS AVONS DEUX CHOIX
– Soit nous mélangeons tous les déchets
– Soit nous trions les déchets et rendons à la nature ce qui est organique
?? RÉSULTATS ??
Dans le premier cas, il y a aura des corbeaux partout, ils chasseront les autres oiseaux et la biodiversité va s’effondrer (comme à Dar-es-Salaam, Tanzanie).
Dans le second cas, il y aura très peu de corbeaux, les autres oiseaux pourront s’épanouir et profiter de nos déchets, et nous aiderons ainsi les espèces les plus menacées à survivre dans nos campagnes (comme à Kitulgala, Sri Lanka – paysage ci-dessous), voire dans nos villes.
Tout cela parait simple, n’est-ce pas ? Ce n’est pas si simple pour tous. Les “ornithologues” basés en Tanzanie ont massacré près de 2 millions de Corbeaux familiers, ce qui a coûté un million de dollars annuel durant plusieurs années… (au moins entre 2010 et 2013). Résultats ? Aucun, il y a toujours autant de corbeaux. Et si, avec cet argent, on avait appris aux gens à composter?
De la même manière incohérente, en Europe dont la France, on tente de “réguler” les sangliers dont l’abondance est le symptôme d’un déséquilibre que nous imposons à la nature et ce déséquilibre est facile à voir ! Il s’agit de tonnes de grains que nous mettons à la disposition de ces mammifères et qui provoquent une population artificiellement haute. Il faut bien manger, me rétorque-t-on souvent. Oui… sauf que ces tonnes de grains que nous produisons ne servent pas à nous nourrir directement. Ils servent à nourrir les porcs et autres animaux d’élevage (si c’est bon pour les porcs, c’est bon pour les sangliers, n’est-ce pas ?)… Si nous cultivions directement notre nourriture, le besoin en espace serait largement réduit, comme expliqué ici. La nature aurait plus d’espace pour mettre en place ses systèmes d’équilibre et la quantité de grains produits dans les champs diminuerait considérablement. Le résultat serait immédiat : les populations de sangliers retrouveraient un niveau qui ne poserait plus les problèmes qu’elles posent aujourd’hui par rapport à la circulation, aux productions agricoles, etc.
Nous allons plus loin dans l’analyse de notre relation à la nature avec une description du problème de la chasse, et la notion de permaculture végane.
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Valéry Schollaert – 22 mai 2018
Plusieurs articles sur ce blog vous permettent de comprendre la vision holistique de la conservation de la nature que nous tentons de communiquer à tous. Voici LA PAGE D’INTRODUCTION À LA VISION HOLISTIQUE où vous trouverez aussi les liens vers les autres articles.