Identification des tourterelles (sud et est de l’Afrique)

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L’article que nous vous proposons couvre l’Ouganda et le Kenya (sauf l’extrême nord-est où se rencontre la rare Tourterelle de Reichenow qui ne pose aucun problème d’identification avec ses barres alaires blanches) vers le sud jusqu’en Afrique du Sud, en passant par toute la côte de l’océan Indien à l’est et  le Gabon à l’ouest.  Plus au nord et à l’ouest, il y a plusieurs espèces supplémentaires non couvertes par notre article.

Les six espèces ont un chant bien distinct, et leur identification visuelle est facile avec notre article qui vous permet d’y voir clair. Seules des observations de juvéniles sans leurs parents peuvent être un peu plus perturbantes!

L’essentiel est de regarder directement les bon critères, ici l’œil et le cercle oculaire éventuel sont les détails les plus importants ainsi que la forme de l’éventuelle tache sur le cou (absente chez les juvéniles, d’où la difficulté supplémentaire).

Dans la majorité des cas, avec le tableau illustrant la tête et le cou des adultes proposé en haut de cette page, vous aurez identifié votre tourterelle. Si ce n’est pas le cas, voici comment procéder.

Streptopelia_decipiens_ug1SI L’ŒIL EST CLAIR

La majorité des espèces ayant l’œil foncé, le nombre de possibilités aux yeux clairs est très limité. Seules deux espèces ont l’œil clair, et elles ne se ressemblent pas du tout. Ci-contre, voyez l’œil clair (ça peut être jaune comme ici, blanc, orange ou rouge, peu importe): c’est une Tourterelle pleureuse (Streptopelia decipiens). Elle a un demi-collier (et pas seulement une tache sur le cou – absent chez certains juvéniles, voir plus bas), et son plumage est uniforme sur les parties supérieures: pas de liserés sur le plumes donnant un effet “écaillé”, ni de zone de couleur contrastée. Elle vit dans les savanes plutôt à basse altitude. On la confondra donc rarement avec l’autre espèce aux yeux clairs, Streptopelia_lugens_ke1.JPGla Tourterelle à poitrine rose (Streptopelia lugens) qui vit dans les montagnes. Celle-ci a une tache de chaque côté du cou (pas de demi-collier), elle est “écaillée” sur les parties supérieures et montre du roux/orange dans l’aile qui contraste avec le reste du plumage. En plus des yeux, le pattern décrit ci-dessus est typique de la Tourterelle à poitrine rose (photo ci-contre) qui ne peut logiquement pas être confondue avec une autre. En résumé:

  • Œil clair, manteau et ailes uniformes, demi-collier (en savane): T. pleureuse
  • Manteau “écaillé”, roux ou orange dans les ailes (en montagne): T. à poitrine rose

SI L’ŒIL EST FONCÉ

Spilopelia_senegalensis1L’absence de collier peut indiquer un juvénile (voir plus bas), mais d’autres détails indiquent immanquablement un Tourterelle maillée (Spilopelia senegalensis), notamment les petites taches sur la gorge (d’où son nom français – ce sont les mailles!) et le manteau qui contraste avec les ailes. La Tourterelle maillée (ci-contre) est très différente des autres, comme le rappelle son classement dans un genre différent.

Si en plus de l’œil foncé vous voyez un demi-collier (traces noires sur les côté du cou, reliées par le haut), alors le cercle oculaire est essentiel. Streptopelia_semitorquata_moz1S’il est épais (le plus souvent rougeâtre, mais éventuellement gris, gris-rose, rose ou brun), c’est une Tourterelle à collier (Streptopelia semitorquata). De loin, cela donne l’impression d’un œil très gros. Cette zone de peau sans plume continue bien souvent sur le lores et relie alors le bec. Notez aussi que cette tourterelle est la plus grosse des six et son plumage est assez sombre alors que les deux dernières sont petites et claires, avec un cercle oculaire très fin (généralement blanc ou gris).

Streptopelia_capicola_moz1Les deux petites espèces pâles à œil sombre sont des allo-espèces et leur identification est particulière. En effet, elles sont souvent sont séparées géographiquement, donc la plupart du temps la région ou le pays suffisent à les distinguer: dans tous les pays de notre article sauf en Ouganda, il s’agira toujours d’une Tourterelle du Cap (Streptopelia capicola). Si c’est en Ouganda, au sud de la ligne Fort Portal – Soroti, c’est aussi une Tourterelle du Cap (ci-dessus). Streptopelia_vinacea_ug1Si c’est dans les parcs de Murchison Falls ou Kidepo, ou dans les régions entre les deux et plus au nord, c’est une Tourterelle vineuse (Streptopelia vinacea). Celle-ci est virtuellement identique à la Tourterelle du Cap, hormis ses couleur plus chaudes et sa poitrine “vineuse” pâle (voir ci-contre), mais les variations individuelles sont nombreuses et la lumière joue souvent des tours. Les deux espèces s’hybrident, et les observations dans la région du lac Albert, Masindi, Lira et probablement jusqu’à Soroti concernent des oiseaux qui ont peut être tous des gènes des deux taxons – plus de recherches seraient les bienvenues. En résumé:

  • Pas de collier mais des “mailles”: Tourterelle maillée
  • Gros cercle oculaire rouge/gris, oiseau sombre et massif: Tourterelle à collier
  • Fin cercle oculaire blanc ou gris, oiseau petit et clair
    • Dans le nord de l’Ouganda: Tourterelle vineuse
    • Ailleurs: Tourterelle du Cap

JUVÉNILES ?

Streptopelia_decipiens_ke2Les juvéniles sont rarement loin des parents et la mue s’entame rapidement. Toutefois, une observation d’une juvénile isolé est possible et cela peut poser quelques soucis d’identification.

Les juvéniles tout frais n’ont souvent pas encore de collier, ont habituellement les plumes du manteau et couvertures liserées de clair, donnant un aspect écaillé (voir la Tourterelle pleureuse ci-contre). La face est souvent dégarnie.

Les yeux sont toutefois semblables à ceux des parents, ou un peu plus foncé, mais ils ne sont jamais clair chez les espèces qui ont l’œil foncé à l’âge adulte. Seule la Tourterelle à collier juvénile peut avoir les yeux d’un rouge un peu plus clair que celui des adultes. Nous allons voir quelques exemples illustrés, mais voici un résumé des critères des juvéniles.

  • En montagne, œil clair, gros cercle oculaire, plumage très écaillé: T. à poitrine rose
  • En savane, œil clair, fin cercle oculaire: T. pleureuse (photo ci-dessus)
  • Gros cercle oculaire (rejoignant habituellement le bec), œil rouge/foncé: T. à collier
  •  Fin cercle oculaire, œil sombre
    • Manteau et ailes bicolores gris/brun (contraste visible): T. maillée
    • Manteau gris ou sable (peu ou pas de contraste avec les ailes)
      • Dans le nord de l’Ouganda: Tourterelle vineuse
      • Ailleurs: Tourterelle du Cap

EXEMPLES D’INDIVIDUS DIFFICILES

Ces tourterelles, en pratique, ne posent pas de problème sauf dans quelques rares cas. Voici des extrêmes auxquels vous serez toutefois peu confrontés.

Spilopelia_senegalensis_juv_ke1Cet individu ne montre pas de collier, on ne voit pas de maille sur le cou (mais est-ce l’angle de vue?) et l’œil est sombre. L’absence de collier indiquerait une Tourterelle maillée, mais comment être certain qu’il ne s’agisse pas d’un juvénile donc les liserés on déjà été usés (voir plus bas)?

Regardez le manteau est le ailes: il y a clairement des plumes grises et des plumes brunes qui contrastent avec elles. Aucun doute, c’est une Tourterelle maillée.


Streptopelia_capicola_tz2Voici un oiseau des plus difficiles, comme vous en rencontrerez que de façon très exceptionnelle, mais il permet ici de mieux comprendre certains détails.

L’oiseau illustré montre un plumage juvénile très usé. Pas de collier ni de mailles, mais les liserés sont complètement usés. On comprend bien que c’est un juvénile avec les deux génération de plumes sur la tête: certaines toutes fraîches et “propres”, et d’autres ébouriffées, abîmées. La mue post-juvénile vient de commencer (il était temps!). L’œil noir, le fin cercle oculaire et la localisation (Tanzanie) laissent deux possibilités: Tourterelle maillée et Tourterelle du Cap. La T. vineuse n’est pas en Tanzanie, les T. pleureuse et à poitrine rose ont l’œil clair et la T. à collier a un gros cercle oculaire. L’absence de plumes rousses/chaudes sur les parties supérieures, la couleur très grises des plumes fraîches de la tête (au lieu de brun/rosé) et les pattes grises (vs rougeâtres ou rosâtres chez la maillée) indique une Tourterelle du Cap.


Streptopelia_semitorquata_moz3

Avec son oeil rouge, sa face dégarnie et son plumage écaillé, cet oiseau rappelle la Tourterelle pleureuse illustrée un peu plus haut. On notera toutefois le plumage plus foncé et surtout le cercle oculaire plus épais relié au bec via les lores déplumées. C’est une Tourterelle à collier juvénile, un des seuls cas où l’œil n’est ni nettement foncé ni nettement clair.  La Tourterelle à poitrine rose n’existe pas dans la région où est prise la photo (îlot de Medjumbe, océan Indien, Mozambique) mais elle aurait des liserés bien plus épais (et certains roux/orange) et ces liserés seraient très visibles sur les tertiaires, les scapulaires et le manteau (ce qui n’est pas la cas ici).


Streptopelia_vinacea_ug2

Dans le nord de l’Ouganda, on voit des oiseaux impossible à identifier au niveau de l’espèce car ils sont probablement mélangés de la Tourterelle du Cap et de la Tourterelle vineuse. Leur chant est aussi intermédiaire, et on entend des individus qui ont des phrases de Tourterelle du Cap et des phrases de Tourterelle vineuse.

L’individu illustré ici (région de Masindi) montre légèrement une couleur “vineuse” sur le cou et la poitrine, et des pattes bien rouges, donc elle a certainement des gènes de Tourterelle vineuse. Elle est toutefois assez terne et vit dans la zone d’hybridation avec la Tourterelle du Cap. Quel pourcentage de gènes de cette dernière possède-t-elle? Nous ne le saurons jamais…

Voici les espèces qui ont une fiche détaillée sur le site:
Tourterelle mailléeTourterelle à collierTourterelle du CapTourterelle pleureuse

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