Dindon ocellé – Meleagris ocellata

Endémique Niveau 1* (“classique“) – Page sponsorisée par Cabañas Chaac Calakmul 
Famille Phasianidae (perdrix, tétras, …) –  Ocellated Turkey in English
Première publication : 13 juillet 2022 – Dernière mise à jour : 13 juillet 2022

Ce spectaculaire oiseau terrestre est de loin la plus grosse espèce parmi la quinzaine d’endémiques de la péninsule du Yucatán. Il se rencontre dans les forêts du nord du Guatemala, du nord du Bélize et dans trois états mexicains : le Yucatán, le Quintana Roo et Campeche. Il est devenu très rare en dehors des zones protégées.

Cliquez ici pour voir une carte de répartition plus détaillée

Il y a trois types d’endémiques yucatecos. Il y a deux espèces qui n’existent que sur Cozumel comme le Viréo de Cozumel par exemple, deux espèces qui ne se rencontrent que sur la côte mexicaine de la péninsule comme le Gobemoucheron du Yucatan et une dizaine qui sont répandues dans les forêts intérieures de la péninsule. C’est le cas du dindon qui est toutefois le plus rare de la liste car il diminue à cause de la déforestation et il est chassé (et mangé) en dehors des aires protégées.

Le premier objectifs majeurs de mon séjour aux Cabañas Chaac

Depuis 2021, pour diverses raisons, j’ai passé pas moins de huit mois sur la péninsule du Yucatán mexicaine. J’y ai vu une fabuleuse diversité d’oiseaux, côtiers comme terrestres, insulaires comme continentaux. Dès août 2021, j’ai eu l’occasion de voir tous les endémiques de la péninsule et d’avoir aussi des images de presque tous, à l’exception du Engoulevent du Yucatan qui ne s’est pas encore montré dans la lumière (le prochain objectif !). Toutefois, il me manquait le dindon. Lorsque j’ai contacté Oscar des Cabañas Chaac, j’ai immédiatement expliqué que le but principal était d’avoir des bonnes photos du dindon. Soyons honnêtes : dans le parc national de Calakmul, il est très facile à voir. En juin, un chauffeur de la compagnie “La Ruta Calakmul“, agence appartenant à Manuel, le frère d’Oscar, m’a emmené sur la route d’entrée du parc et nous avons rencontré immédiatement deux individus tellement peu farouches qu’il pourrait y avoir une sorte de “record” de ce côté-là. En effet, ils étaient sur le bord de la route, ne s’occupant pas du tout de mes mouvements, même lorsque j’étais à moins de deux mètres d’eux ! J’aurais sans doute pu me rapprocher encore, mais je n’ai pas essayé. J’ai réussi à faire tous les portraits que je voulais. Voici UNE VIDÉO de deux minutes qui montre ces deux individus très familiers.

Je voulais y retourner avant de publier la page, pour ne pas publier que les photos de ces deux dindons téméraires. En juillet, j’ai visité le parc et découvert les ruines avec Manuel en personne (cliquez ici pour ouvrir son profil Facebook).

Vous pouvez voir des images de cette journée mémorable, les deux photographes, les paysages, les ruines et un autre animal intéressant dans une vidéo de trois minutes, ici. J’ai pu ainsi observer une dizaine d’individus et compléter mes images.

La mission, selon l’idée de départ, est donc réussie, mais nous prévoyons d’aller beaucoup plus loin. Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour ne rien rater des pages, photos et vidéos qui arrivent !

Valéry Schollaert

Le mode de vie de ce dindon rappelle largement les autres Phasianidae. Il est polygame et un mâle dominant peut féconder de nombreuses femelles. Les mâles moins puissants, par contre, peuvent rencontrer des difficultés à accéder aux femelles.

La femelle, une fois fécondée, s’occupe de gratter le sol dans un endroit à la végétation haute pour y créer une petit dépression à peine aménagée où elle pondra ses nombreux œufs (jusqu’à 15). Elle couve durant un mois, puis les œufs éclosent et les poussins, nidifuges, suivent directement la femelle en courant. Ils volent dès deux semaines, alors qu’ils sont encore assez petits.

Ces oiseaux picorent leur nourriture en marchant, parfois ils grattent le sol pour découvrir une racine ou un tubercule. Il semble que les feuilles et les fruits constituent une grande partie du régime, mais des invertébrés, en particulier des insectes, sont consommés surtout lors de la reproduction. L’ingestion régulière de gravillons ou de petits cailloux est essentielle pour assurer la digestion !

Taxonomie

Cette espèce est, sans surprise, monotypique. Elle est sœur avec l’unique autre dindon, le Dindon sauvage des États-Unis, de l’extrême sud du Canada et du nord du Mexique. Il a été classé dans son genre monotypique, Agriocharis, mais la similitude morphologique avec le Dindon sauvage plaide pour le classement des deux dindons dans le même genre.

Si leur proximité ne fait aucun doute, la position des dindons par rapport aux tétras et faisans a longtemps posé des problèmes. L’idée a été émise qu’ils forment une famille distincte ; ils ont aussi été classés dans la famille Tetraonidae lorsque celle-ci était considérée comme distincte des Phasianidae. Actuellement, on place les dindons à une position basale des tétras (sous-famille Tetraoninae ou tribu Tetraonini selon les auteurs) au côté de l’étrange Eulophe koklass (Pucrasia macrolopha).

Les plumes irisées à la manière des paons et la queue en “roue” lors de la parade sont donc, en partie au moins, une convergence évolutive ; elles sont à l’origine du nom “pavo” en espagnol du Mexique (voir plus bas).

Dindon ocellé, Parc National Calakmul, état de Campeche, Mexique, juillet 2022
Le plumage de ce dindon montre une palette de couleurs optiques (issue de la réfraction et non pas de la pigmentation) extraordinaire. Même dans les sombres forêts qu’il fréquente, les couleurs sont bien visibles.
Dindon ocellé, Parc National Calakmul, état de Campeche, Mexique, juin 2022
Regardez les plumes du cou qui présentent ici un gros bout gris-verdâtre. Sur la photo précédente, le cou paraît tout noir. C’est typique de ces couleurs optiques (ou physiques) qui changent selon l’angle de la lumière.
Dindon ocellé, Parc National Calakmul, état de Campeche, Mexique, juillet 2022
Le mâle a un “chapeau” sur lequel plusieurs nodules sont présents. Ici, ce chapeau est court : c’est un jeune oiseau ou un adulte en condition internuptiale. Le faible nombre de nodules plaide pour la première solution.
Dindon ocellé, Parc National Calakmul, état de Campeche, Mexique, juin 2022
Lors de la parade, les mâles font “la roue” en ouvrant la queue, comme le Paon bleu. Ici, l’oiseau est immature et les plumes de la queue n’ont pas encore atteint leur longueur maximale. C’est le même individu que sur la photo précédente : le jeune âge est ainsi confirmé.
Dindon ocellé, Parc National Calakmul, état de Campeche, Mexique, juin 2022
Les nombreux nodules rouges sur le cou montrent un mâle plus avancé que le précédent.
Dindon ocellé, Parc National Calakmul, état de Campeche, Mexique, juin 2022
La route qui relie l’axe Escárcega – Xpujil aux ruines de Calakmul, à travers le parc national du même nom, est certainement le meilleur endroit du Mexique pour admirer cet oiseau unique. Ailleurs dans le monde, il semble que les ruines de Tikal, au Guatemala, offrent des opportunités équivalentes.
Dindon ocellé, Parc National Calakmul, état de Campeche, Mexique, juin 2022
Alors qu’il fait sa toilette, on peut admirer les subtils dessins de la queue. Les taches bleues, à l’origine du qualificatif “ocellé” (explications dans notre vidéo) ont parfois une forme de “papillon” absolument ravissante.

Pour en savoir plus :

Noms conseillés par l’Encyclopédie Holistique dans 6 langues choisies :

  • Espagnol : Guajolote ocelado (*)
  • Portugais : Peru-ocelado
  • Allemand : Pfauentruthuhn
  • Italien : Tacchino ocellato
  • Russe : Глазчатая индейка
  • Maya : Ucutz il chican

(*) C’est son nom “officiel”, mais les mexicains l’appellent souvent “el pavo” (le paon), parfois “pavo del monte” ou “pavo ocelado”.

Autres espèces publiées avec les Cabañas Chaac : Ariane candide, Viréo jaune-verdâtre, Tyran tigré, Tyran olivâtre, Tyran de Couch, Toucan à carène, Araçari à collier, Tityre à tête noire, Conure naine, Oriole masqué, Quiscale chanteur, Quiscale à longue queue et Tohi à dos vert.

(*) Indiquez dans les commentaires si certaines informations ou images pourraient, selon vous, encore améliorer la page !

[Espèce Nº1654 du projet d’encyclopédie holistique]

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Photos, tableau et textes © Valéry Schollaert, Chantal Lac & Marinella Mejia 2022

Liste des autres espèces illustrées : taxonomique – jour par jour

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